J'ai l'honneur de poursuivre ma fréquentation de l'œuvre de Patrick Chamoiseau avec des lectures de son dernier magnifique ouvrage, La matière de l'absence, et comme une joie peut en amener d'autres je vais retrouver Raphaël Imbert avec qui je chemine aussi.
C'est ce vendredi 16 septembre à la Maison de l'Amérique latine, au plaisir de vous y voir...
Le jeu de l'univers en toi dit : le centre du monde est errance prends le soleil par les cornes n'appelle mensonge que la vérité si tu veux la vérité soleil obscur comment réconcilier mon encre et la pierre philosophale? à Shanghai Je bâtirai un pays et donnerai à chaque pays le droit d'y habiter sans chaînes sans gratitude le commencement du monde est un rêve
"toute douleur est apprendre et ce chant est connaître"
Composition électroacoustique: Eddie Ladoire
Vidéo: Carl Carniato
Voix: Isabelle Fruleux
Lampedusa, ce que nous disent les gouffres
Toute horreur crée son gouffre
ainsi celle de la Traite à nègres qui fit de l'Atlantique
le plus grand oublié des cimetières du monde
(crânes et boulets relient les îles entre elles
et les amarrent aux tragédies du continent)
Le gouffre chante contre l'oubli,
en roulis des marées
en mots de sel pour Glissant pour Walcott et pour Kamau Brathwaite
(fascine des siècles dans l'infini de ce présent où tout reste possible)
Celui de l'Atlantique s'est éveillé
clameurs en méditerranée !
l'absurde des richesses solitaires
les guerres économiques
les tranchées du profit
les meutes et les sectes d'actionnaires
agences-sécurité et agences-frontières
radars et barbelés
et la folie des murs qui damnent ceux qu'ils protègent
chaussures neuves et crânes jeunes font exploser les vieilles concentrations !
les gouffres appellent le monde
les gouffres appellent au monde
l'assise ouverte
les vents qui donnent l'humain
l'humain qui va au vent
les aventures des peurs et des désirs
la seule richesse des expériences menées à la rencontre
les solidarités qui se construisent et qui construisent
les coopérations qui ouvrent et qui assemblent
et le suc et le sel de l'accueil qui ose
L'enfant a eu raison de mettre ses chaussures neuves
ce qu'il arpente au delà de nos hontes
c'est le tranchant des gouffres génériques
qui signalent sous l'horreur
et qui fixent sans paupières
l'autre possible ouvert du meilleur de nous
en ombres en foudres en aubes
les gouffres enseignent longtemps
(toute douleur est apprendre et ce chant est connaître)
Ariel:
"M'ennuyer! Je crains que les journées
ne me paraissent courtes!
Là où les cécropies gantent d'argent l'impatience
de leurs mains
Là où les fougères délivrent d'un cri vert
le noir tronçon têtu de leur corps scarifié
Là où la baie enivrante mûrit l'escale
pour le ramier sauvage
par la gorge de l'oiseau musicien
je laisserai tomber
une à une
chacune plus délectable
quatre notes si douces que la dernière
fera lever une brûlure
dans le coeur des esclaves les plus oublieux
Nostalgie de liberté!"
"Où est la femme, le printemps, où est son âme que l'amant déchire?"
Ce poème est un hymne à la Terre-Mère, un hymne à la femme, aux libertés, bafouées hier et aujourd'hui encore... Les Indes, d'Edouard Glissant, célèbre le vivant contre tout assujettissement
Avec: Isabelle Fruleux (mise en scène - voix),Thomas Savy (direction musicale - clarinette basse), Raphaël Imbert (saxophone), Felipe Cabrera (contrebasse), Sonny Troupé (batterie, tambour ka), Eddie Ladoire (électroacoustique), Anabell Guerrero (scénographie), David Antore (lumières), Claude Valentin (son), Carl Carniato (vidéo)