Quelques mots à propos de Thomas Savy,
vous savez, ce musicien à l'expression généreuse, limpide, habitée
de grâce et d'aisance, d'élégance en somme. Hé bien, j'écoutais
ce matin encore son premier album, Archipel,
un appel à la traversée, celle qui vous fait aller au-delà de
vous-même, mais relié aux autres. Ceux que vous retrouverez,
changés comme vous sans doute, et ceux qui ne sont plus, mais dont
vous chérissez l'empreinte indélébile que leur passage a déposé
au plus profond de vous-même. Entendez-vous aussi ces présences
mêlées ? Ces maîtres du be-bop qui soufflent dans les voiles,
aux mêmes mesures que les flux européens. Effectivement, Thomas
Savy vogue sur l'Actuel, celui qui nous traverse tous, pourquoi
choisir ? Il y a inquiétude pourtant dans ces inflexions, ce
timbre qui parfois se fait rauque, dans l'impatience d'un apaisement.
Part one, on sent la suite venir
et j'enchaîne avec son deuxième album, French
Suite. Là, c'est implacable, la coque du navire n'est
plus portée par un souffle profond, mais confrontée aux éléments,
acier inclus. Les aigus coupent, les graves prennent possession et la
palette intermédiaire, large et précise, ne vous demande pas votre
avis. Ça n'a pas peur de tâcher, oui il fut bon élève, mais sa
prise de parole est indéniablement à son nom et sa virtuosité n'a
rien à faire avec la démonstration. J'en sors épuisée et pourtant
avide du suivant opus, la sincérité du témoignage et l'aiguisement
du geste sont une fois de plus nourrissants.
Nous replongeons dans les profondeurs,
Bleu Archipel 2, le
blues y apporte sa glaise...
Je ne vais pas vous en parler parce que
je ne suis pas encore sortie du voyage, j'ai pourtant eu l'honneur de
l'écouter un peu avant son arrivée dans les bacs, et je n'ai pas
non plus envie de prendre ne serait-ce qu'un peu de cette distance
nécessaire. J'applaudis avec bonheur la nomination de cet album aux
Victoires du Jazz ce 12 juin 2014, je me régale des articles
élogieux qu'on lui réserve, et je salue ici respectueusement mon
ami, mon frère, Thomas Savy.
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